Retraite de méditation silencieuse : Un cheminement naturel vers soi-même
Je me suis retirée à Hridaya Yoga à Longeval pour assister à une retraite de méditation silencieuse de dix jours. Je m’y étais déjà rendue en mars l’année dernière afin de participer à ma toute première retraite et celle-ci a eu un impact très fort sur moi les semaines et mois qui ont suivi. Une re-connexion profonde que je n’imaginais pas possible après seulement dix jours.
La retraite de méditation silencieuse est une immersion dans la pratique méditative, dans un environnement calme et propice à l’introspection. Pendant dix jours vous êtes en silence, les miroirs sont masqués, toute source de divertissement est ôtée: téléphone, internet, musique, lecture,… seulement l’écriture est autorisée. Tout contact avec les autres participants est interdit, que ce soit par communication verbale, non-verbale ou bien par le regard. Il est possible néanmoins de communiquer avec les professeurs ou la personne en charge du groupe en posant des questions par le biais de notes sur des morceaux de papier.
Une journée typique
Les premieres jours, la durée des méditations du matin et de l’après-midi sont d’une heure et graduellement augmentent à deux heures ou deux heures et demi. Avant cela, différentes techniques de méditation sont enseignées et pratiquées sur de courtes périodes de trente minutes.
Voici à quoi ressemble une journée:
6h30: Réveil au gong
7h00: Méditation du matin
9h00: Petit-déjeuner
10h00: Lecture sur un thème, Hatha yoga et méditation de 30min
13h00: Déjeuner, temps libre, repos et karma yoga (tâche quotidienne à réaliser tel que balayer le sol ou laver les tables du restaurant afin de contribuer au fonctionnement du centre)
16h00: Méditation de l’après-midi
18h30: Dîner
19h30: Q&A, lecture sur un thème et méditation pour clôturer la journée
22h00: Dormir
Le centre est assez isolé et entouré de forêts, il est possible de s’immerger en nature et prendre l’air pendant les pauses ce qui est plutôt agréable.
Métamorphose méditative
Cette période de dix jours a été une avancée significative dans ma pratique méditative. J’ai ressenti comme si je reprenais là où je m’étais arrêtée en mars. Mes séances de méditation ont varié entre profondeur intense et moments plus légers. Initialement, j’ai eu de nombreuses visions, des manifestations visuelles et des rêves lucides, mais par la suite, j’ai senti ma kundalini s’intensifier davantage. Ce qui avait débuté comme un mouvement subtil venant du cœur les premiers jours, s’est transformé en une activation secouant tout le haut de mon corps et ma tête, m’arrachant souvent de mon état méditatif. Hridaya adopte une approche tantrique non-duelle, percevant l’énergie comme une simple manifestation à accueillir, sans chercher à la contrôler ou la réprimer.
Cette retraite est très différente d’un vipassana qui pour le coup est très strict et rigide. C’est une toute autre approche avec des techniques de méditation différentes. Le vipassana par sa rigueur permet de transcender le corps et atteindre des états de conscience plus élevés. À Hridaya, on utilise la méthode de la recherche de soi selon les enseignements de Ramana Maharshi avec un focus sur le coeur en posant la question ‘Qui suis-je?’ et ainsi aller à la source de qui est ce ‘Je’.
Le fait de rester silencieux et de se déconnecter de son téléphone et d’internet peut être source d’inquiétude pour beaucoup, mais au final, c’est plutôt un processus naturel et simple. C’est comme se libérer d’un poids et avoir plus de temps pour être totalement immergé dans l’instant présent.
Ma première fois en Dark Room : Le Noir est puissant et intense…
Une dark room retreat ou retraite dans le noir est exactement ce à quoi cela fait référence : un séjour prolongé seul dans un espace complètement dépourvu de lumière. Considérée comme une pratique avancée dans le bouddhisme tibétain, ce type de retraite est également utilisé en Inde dans l’Ayurveda et porte le nom de Kaya Kalpa ou bien dans le Tao, Mantak Chia en a fait l’un des piliers de ces enseignements.
L’idée de faire ce type de retraite me trotte dans la tête depuis trois ans et honnêtement réveillait en moi beaucoup de peurs. Il y a seulement six mois en y repensant j’ai plutôt ressenti de l’excitation et me suis dit que jetais prête à sauter le pas.
Après les dix jours en silence, je me suis donc rendue dans un village voisin où Bérengère, professeure Hridaya yoga, propose ce type de retraite. La chambre est plutôt grande et agréable, avec une salle de bain équipée d’une douche, un coin cuisine (les lumières des frigos et de la bouilloire ont été ôtés). Les fenêtres et la porte sont recouverts d’un épais linge noir opaque. Pas un petit rayon de lumière ne passe. Bérengère me montre la chambre et m’explique le fonctionnement de la trappe où les repas du matin et du midi y seront déposés. Je m’installe et fait en sorte de bien visualiser plusieurs fois la chambre où je vivrais les six prochains jours.
Elle me suggère de passer de la lumière à l’obscurité en allumant une bougie chauffe-plat en la laissant se consumer jusqu’à s’éteindre. Je suis si impatiente qu’à peine cinq minutes après l’avoir allumée, je souffle dessus. Et là, plongée dans l’obscurité totale…
Sauf que…
J’ai eu l’impression très rapidement, et cela durant tout mon séjour, qu’il restait comme un résidu de lumière que les murs et surfaces avaient absorbé et qui brillait dans cette obscurité. Je me surprenais parfois à avoir l’impression de voir mes mains bouger devant moi, je m’amusais même à faire des mouvements devant mon visage et étais persuadée pouvoir les voir! Possèderais-je un don? J’en doute… Ce que j’en ai déduit, c’est que mon cerveau et ma conscience essayaient de recréer un environnement familier, en tentant de projeter un espace dans l’obscurité où j’étais plongée.
Mon vécu
Les premiers jours vous vous adaptez à votre nouvel environnement, se faire un thé ou manger sont des activités à part entière. Sans la vue tout demande beaucoup plus d’attention, de présence et de temps. Vous dormez également beaucoup! Le corps et notre cycle circadien sont régulés par la lumière. En son absence, tel que pendant une retraite dans le noir, la production de mélatonine augmente et le besoin de dormir également. Après deux ou trois jours, on s’adapte à l’obscurité et la glande pinéale commence à produire de la DMT (Dimethyltryptamine) ce qui entraîne l’apparition de visions dans les jours qui suivent.
Les miennes on commencé assez rapidement, il y avait beaucoup de rêves lucides et des visions très légères, très peu de couleurs comme si voilées par un filtre gris. Elles se manifestaient en général en fin d’après-midi et se mêlaient aux rêves la nuit. Beaucoup de nature avec des champs d’arbres, d’herbes, des fonds marins, des nuages des ciels étoilés,… La chambre également évoluait et se transformait en grands espaces avec des drapés, des fleurs de tous types, et une configuration différente qui m’ont induite en erreur à plusieurs reprises; à tel point que je me suis prise des murs et coins de tables à de nombreuses reprises.
Par moments, je sentais mon corps fondu, absorbé par l’obscurité, comme si je n’étais plus que conscience et je sentais ce champ énergétique que je suis et qui vibrait parfois très intensément.
Je me suis organisée un programme de méditation, yoga, sport et stretching mais souvent je ne le suivais pas et j’étais plus connectée à mon corps et ce dont il avait besoin. J’ai commencé à faire du tapping, des massages et des chants de mantra, pourquoi donc? Je ne sais pas, j’ai simplement écouté mon intuition et fait ce que mon corps voulait à ce moment-là. Sans agenda, ou obligations c’est incroyable comment le retour au corps se fait de façon naturelle.
Il m’est arrivé à quelques reprises de sentir de l’ennui et me dire mais que vais-je faire de tout ce temps, ne trouvant plus rien à faire pour me divertir. Mais ces moments n’ont duré que quelques minutes et ne m’ont pas plus dérangée que cela.
Le choc
Dans une retraite de méditation en chambre noire, comme dans un sommeil profond, tout le monde objectif disparaît. Il ne vous reste plus rien. Absolument plus rien…
J’ai compris cela les premières heures, et ma première nuit je me suis réveillée en sursaut et en panique. On ne se rend compte de l’intensité et la profondeur du noir qu’une fois vraiment expérimenté.
Aussi, les premiers instants l’angoisse de perdre la notion du temps a surgi. Ce n’est que le lendemain lorsque j’ai coupé la ventilation, dont le bruit peut gêner lorsqu’on médite, que j’ai entendu le clocher de l’église du village qui sonnait chaque heure et demi heure de 7h00 à 22h00. Quel soulagement! Mais cela est rapidement devenu une obsession, planifiant méticuleusement chaque moment de ma journée et attendant les coups de cloche. Pour une première expérience c’était rassurant, mais la prochaine fois je pense m’équiper d’un casque réducteur de bruit afin de me plonger complètement dans le processus.
Pourquoi nous devrions tous faire une retraite annuelle
Car oui je souhaite retenter l’expérience, pour deux semaines fin 2024.
Le fait de me couper du monde et faire une retraite annuelle m’apporte énormément sur tous les plans et pour moi désormais est nécessaire au moins une fois par an. Je souhaite approfondir cette pratique en dark room car pour le coup ça m’a secouée et mis une sacrée claque.
Historiquement, certaines religions et chemins spirituels recommandent à leurs fidèles de faire une retraite annuelle. Pour les personnes qui débutent, la dark room n’est probablement pas adaptée mais tout type de retraite est bénéfique et peut être très transformateur.
Il est également possible de commencer par une retraite de méditation de trois ou cinq jours pour les personnes qui souhaitent découvrir ou pour qui envisager dix jours parait impossible.
Peu importe la méthode que vous choisissiez , l’expérience d’une retraite de méditation permet de plonger dans un état de silence intérieur, offrant une très belle opportunité de se connecter avec soi-même et d’explorer les profondeurs de l’esprit.
Si vous êtes encore là, merci d’avoir lu jusqu’au bout! N’hésitez pas à partager un commentaire ou à raconter votre histoire si vous en avez vous-même vécu une.